Le discours du père dans la construction de la position féminine.
« Nos collègues les dames analystes, sur la sexualité féminine elles ne nous disent (…) pas tout ! Elles n’ont pas fait avancer d’un bout la question de la sexualité féminine. Il doit y avoir à ça une raison interne liée à la structure de l’appareil de la jouissance (…) Il y a une jouissance à elles à cette elle qui n’existe pas et ne signifie rien. Il y a une jouissance à elle dont peut-être elle-même ne sait rien, sinon qu’elle l’éprouve – ça, elle le sait. Elle le sait, bien sûr, quand ça arrive (…) depuis le temps qu’on les supplie, qu’on les supplie à genoux – je parlais la dernière fois des psychanalystes femmes – d’essayer de nous le dire, eh bien, motus ! On n’a jamais rien pu en tirer. Alors on l’appelle comme on peut, cette jouissance, vaginale. »[1]
À cet appel de Jacques Lacan dans son XXe séminaire Encore, tentons d’y répondre quelque chose, ou du moins d’en dire quelques mots.
Voici tout d’abord une réflexion personnelle plutôt générale que je me fais. Je remarque que parmi les psychanalystes et psychothérapeutes, beaucoup d’entre eux qui occupent ces positions sont des femmes. D’ailleurs, je remarque aussi que beaucoup des patients ou psychanalysants qui viennent me rendre visite sont majoritairement des femmes. Mais il est possible que ce dernier point ne concerne que ma consultation.
La constitution biologique en creux caractéristique de la femme, cette ouverture, m’évoque l’accueil. L’accueil est ce que nous faisons, nous cliniciennes femmes, tout au long de la journée dans nos consultations. Et pourquoi ces personnes que nous recevons sont majoritairement des femmes ? Cette interprétation n’engage que moi, mais ne serait-ce pas parce que la femme s’ouvre davantage, de part cette fameuse constitution qui est la sienne ? Bien sûr, la parole ne se délie pas toujours complètement car les résistances participent à la danse clinique, et contrairement à ce que Lacan semble espérer, on ne peut – pas tout – dire.
[1] Lacan, J. (1972-73). Le séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Éditions du Seuil, 1975, p.69.