L'importance de régler les séances manquées. Psychothérapie à Paris 18e.
"Est-ce normal que mon psychothérapeute/psychanalyste me demande de payer les séances manquées ?" peut-on lire sur certains forums.
La règle des séances manquées, voilà un point bien critiqué par quelques uns qui s'insurgent car ils n'en comprennent pas l'utilité, voire la qualifient d'abus de la part du clinicien.
Lorsqu'un être commence une psychothérapie ou une psychanalyse, il s'agit d'un réel engagement, avec lui-même, avec son désir. Cet engagement comprend une rigueur dans la régularité des séances : au moins deux séances par semaine. Lorsque le patient oublie, s'absente, annule, et que les séances sont manquées, le clinicien a le devoir de signaler la règle du paiement de ces séances. Si certains acceptent sans s'offusquer, il n'est pas rare que cette règle réveille la haine de quelques autres ! Le clinicien doit supporter cela, et mieux encore, inviter le patient ou psychanalysant à dire cette haine dans la séance afin qu'il puisse en apprendre quelque chose.
Demander de régler les séances manquées, et cela peu importe la raison, n'est pas un acte de sadisme de la part du clinicien, ni un acte de radinerie pour ramasser quelques euros en plus, mais bien un acte clinique. Car, même si le patient rate des séances, le travail psychanalytique continue, il fait toujours effet et le lien n'est pas rompu. De plus, régler avec son argent évite au patient ou psychanalysant de payer avec ses symptômes psychiques, corporels ou organiques.
Un psychanalysant refusait jusqu'à présent de régler ses séances manquées. Un jour, il revient de vacances et dit dans sa séance qu'il a consommé beaucoup de drogues, en plus d'antidépresseurs prescrits par un psychiatre car il se sentait en détresse psychique, et a eu des rapports sexuels non protégés. Je descends alors dans l'arène et lui rappelle que c'est justement pour cela qu'il lui est demandé de régler ses séances en son absence, pour ne pas payer avec son propre corps une culpabilité évidente. Bien que remonté, le psychanalysant fini par céder, et peut dire que cette culpabilité lié à ses rapports familiaux l'amène à s'autodétruire. Depuis, il accepte de régler les séances manquées et un apaisement dans son quotidien est visible.
Cette règle vise à introduire la castration, le manque, nécessaire à l'avancée d'une cure et à la résolution des symptômes de l'être en souffrance. Proposer au patient ou psychanalysant d'accepter de perdre, de manquer, cela fait parti du travail du clinicien au risque de s'attirer les foudres. Ceux qui n'appliquent pas cette règle afin d'éviter justement le déferlement de haine des patients se dérobent de la position qu'ils occupent, pour laquelle ils sont payés, tout cela dans un souci de petite séduction imaginaire.